La région des Hauts-Bassins présente un paysage mosaïque dans le domaine de la musique à travers une production discographique dans différents genres musicaux à savoir la musique moderne, traditionnelle, urbaine et religieuse. Bobo-Dioulasso, la capitale régionale, est le berceau de la musique moderne du Burkina Faso. C’est là qu’est né le premier orchestre moderne du pays, issu de la colonisation. Depuis la fin des années 1940 jusqu’à nos jours, des orchestres comme « Volta Jazz », « Dafra Star » et plus récemment le « Groupe Taleard » et « Jazz Stagiaire » animent la scène musicale. Mais à l’instar des autres secteurs d’activités, la musique a aussi subi le marasme économique qui a frappé Bobo au début des années 1990. Fort heureusement, depuis quelques années, la filière musique dans la région connait un regain d’intérêt avec l’émergence de nombreux jeunes artistes pratiquant diverses tendances musicales.
La région des Hauts-Bassins a enregistré plus d’une dizaine de sorties discographiques en 2019. Quarante-huit (48) artistes se sont inscrits au Bureau burkinabè du Droit d’Auteur (BBDA), en 2020, deux cent soixante-neuf (269) et en 2021 (12) artistes (Bureau Burkinabè des Droits d’Auteur, Direction régionale des Hauts-Bassins le 24/05/2021). Il y a également quelques festivals de musique comme le Festival Badara, le Festival Bolo’Art et le Festival Bobo fête la musique à Bobo-Dioulasso.
Concernant la musique dite traditionnelle, elle est pratiquée par de nombreuses troupes aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. La région abrite de nombreux musiciens issus de familles griottes. Ces groupes socioculturels endogamiques ont des pratiques musicales multiséculaires. Ils sont fabricants et réparateurs d’instruments de musique. Certains parmi eux se sont installés à Bobo-Dioulasso à la faveur de l’urbanisation. Ils animaient les cabarets, principaux lieux de divertissement dans les années 1950.
Avec les instruments d’origines diverses, des artistes ont pu faire une fusion pour créer une musique qui a permis à de nombreuses troupes bobolaises d’aller à la conquête du monde. On peut citer entre autres Koulédafourou de Drissa Sanou, Farafina de Mama Konaté, la Troupe Djiguya, Les Frères Coulibaly, Harouna Dembélé etc. Cette musique qui n’est plus jouée exclusivement par des griots, continue d’être appelée « musique traditionnelle » bien qu’elle soit née en milieu urbain et ouverte à tout nouvel apport.
En milieu rural où elle est toujours l’apanage des griots, les troupes animent de nombreuses cérémonies (mariages, funérailles, baptêmes,…), accompagnent les travaux champêtres, etc. et certaines arrivent à vivre dignement de leurs activités musicales au niveau local. D’autres tournent sur des scènes tant au niveau national qu’international.
Infrastructures lieux de diffusion
De façon générale, les acteurs de la filière musique souffrent du manque d’infrastructures adaptées pour la création et la diffusion de leurs œuvres. La situation est aggravée par un déséquilibre entre Bobo-Dioulasso et le reste du territoire. Ce même déséquilibre se ressent entre le milieu urbain et celui rural.
Il existe quelques cabarets dont des lieux emblématiques comme Le Bois d’Ebène, Les Bambous, Le Toguna où les mélomanes se retrouvent pour écouter et danser aux rythmes de la musique live. Ces lieux qui arrivent à établir et exécuter des programmations mensuelles sont essentiellement concentrés dans la ville de Bobo-Dioulasso. Cependant, un besoin de mise aux normes de bon nombre de ces lieux afin d’améliorer les conditions de travail des artistes et la satisfaction des mélomanes.
Quelques salles de spectacle permettent aux organisateurs de spectacles de mener leurs activités avec un minimum de commodités dans des conditions de sécurités acceptables. On peut citer pour Bobo-Dioulasso Le Théâtre de l’Amitié, la Maison de la Culture, la Maison des Jeunes et de la Culture, l’Institut Français. Dans les provinces il y a le Centre Populaire de Loisirs (CPL) de Houndé, La salle de Ciné de Orodara, la Maison des Jeunes et de la Culture de Orodara, la Maison des Jeunes de Diéri, la Maison des Jeunes de Sindo entre autres qui sont mises à contribution pour la promotion et la diffusion de la musique.
Les studios d’enregistrement
La dématérialisation des supports de musique a beaucoup affecté l’économie de la musique dans la région. Auparavant les artistes arrivaient à vendre des cassettes. L’arrivée du CD a été un premier choc parce que les appareils dotés d’un lecteur de CD n’étaient pas accessibles au grand nombre à cause de leur coût élevés. Aujourd’hui, avec l’explosion du marché du Smartphone, la vente de CD a chuté. Malgré toute la scène musicale garde un certain dynamisme. Des studios tels Sindy International, Studio Hanou, Studio Yirikichana, Océanne Production, Studio Jemina et Blessing record sont enregistrés au BBDA et continuent de travailler dans la ville de Bobo-Dioulasso.
Des formations à l’usage du numérique dans la création et la promotion des œuvres peut être d’un grand apport pour les artistes, les producteurs, les techniciens et les managers d’artistes.
La production musicale (musique enregistrée, maison de production)
Au premier semestre de l’année 2021, on dénombre, pour ce qui concerne la production musicale, six (06) producteurs déclarés à la direction régionale du BBDA à Bobo-Dioulasso. La plupart de ces acteurs recensés, en plus de la production musicale disposent de studio d’enregistrement et font de la production de vidéoclips.
Il faut cependant noter que la région manque cruellement de compétences en management d’artistes et groupe musicaux. N’ayant pas de connaissances en montage de dossier, de fiche technique et/ou plan de scène, etc., de nombreux artistes et groupes se voient filer de nombreuses opportunités entre les doigts.
La production de spectacles
Le mythe qui voudrait que toute musique adoubée par le public bobolais connaisse un succès mondial n’a pas totalement disparu. Il permet à des structures de production basées à Bobo comme Silure production, Lam management et 2KProd de programmer quelques grosses pointures de la musique sous régionale et internationale. Ces occasions sont des moments privilégiés pour programmer les jeunes de la scène bobolaise en lever de rideau.
Concours
Il existe une cérémonie annuelle de remise de trophées aux acteurs de la filière musicale qui se seraient distingués dans leur domaine. Cette cérémonie dénommée « Bobo Lolo » commence à être acceptée et reconnue par les acteurs.
Le Bois d’Ebène s’investit dans l’organisation d’un concours de musique live entre orchestres d’instruments modernes ou traditionnels au profit des enfants de la ville de Bobo-Dioulasso. Aussi, le concours de rap « Hip hop Sangaouili » a permis de redynamiser la scène hip hop dans la ville de Bobo.
La formation
Si dans les familles de griot la question de la relève ne constitue pas une préoccupation, l’accès à l’éducation artistique des autres enfants et jeunes restent problématiques. Les rares lieux comme le centre Don Bosco sont à Bobo-Dioulasso. Certains artistes organisent des formations au jeu d’instrument lors des vacances scolaires.
Il faut cependant noter une forte contribution des églises évangéliques dans la formation de jeunes instrumentistes et chanteurs dans leur chorale.
La filière musicale a un visage masculin. Il n’y a pratiquement pas de femmes instrumentistes. Pour celles qui chantent, le mariage constitue la fin des ambitions de carrière.