Les Arts plastiques et appliqués sont l’une des filières les plus florissantes dans la région des
Hauts-Bassins. Ce secteur regroupe plusieurs sous-filières qui emploient des milliers d’acteurs. Nonobstant l’engouement des acteurs à produire en masse des œuvres de qualité, le
secteur reste miné par d’énormes problèmes : qualité des produits, difficultés d’accès aux
marchés… Conscient de l’importance de ce secteur dans la création d’emplois et dans et la
promotion des valeurs identitaires, les autorités en charge de la culture au niveau national ont
mis en place en 1997, une stratégie de promotion des différentes filières culturelles à travers
l’institution de douze Grands Prix Nationaux (GPN), des cérémonies de distinction qui se
tiennent régulièrement en vue de valoriser les talents et la créativité des artistes et de
récompenser les plus méritants. Cela a encouragé les acteurs à s’investir plus dans la
recherche de la qualité de leurs œuvres, aujourd’hui tournée vers la création contemporaine. Il
faut tout de même noter qu’au regard de la situation sécuritaire délétère, ces manifestions ont
été suspendues. Néanmoins, les acteurs sont restés résilients et continuent dans leurs
œuvres de création dans les différentes sous filières des arts plastiques et appliqués.
La peinture : la région des Hauts-Bassins et principalement sa capitale Bobo-Dioulasso a
connu ces dernières années, l’émergence d’artistes peintres dont bon nombre d’entre eux se
sont déjà illustrés au niveau national et international.
Au niveau national, des initiatives sont prises en dehors des GPN susmentionnés pour la
promotion du secteur. Nous avons l’institutionnalisation en marge de la Semaine Nationale de la
Culture, le Grand Prix National des Arts et des Lettres (GPNAL).
Dans le domaine des arts plastiques, ce grand prix est une compétition qui met en concurrence
les œuvres d’arts en peinture, en sculpture, en batik lors d’une exposition et à l’issue de laquelle
la meilleure œuvre reçoit le prix du Président du Faso. Il y a aussi l’acquisition par appel d’offre,
des œuvres d’arts par le Ministère en charge de la culture au profit des institutions publiques et
le Grand Prix National en peinture à l’occasion de la célébration de la fête Nationale.
Ces cadres de promotion et de valorisation ont permis aux artistes peintres de la région des
Hauts-Bassins tels que André SANOU Sr, André SANOU Jr, Moustapha SANOU, Elvis
BAZONGO, et bien d’autres, de se hisser aux rangs des meilleurs peintres au niveau national.
La peinture : la région des Hauts-Bassins et principalement sa capitale Bobo-Dioulasso a connu
ces dernières années, l’émergence d’artistes peintres dont certains se sont illustrés au niveau
national et international. Les cadres de promotion et de valorisation sus mentionnés ont
permis aux artistes peintres de la région des Hauts-Bassins tels que André SANOU Sr., André
SANOU Jr., Moustapha SANOU, Elvis BAZONGO, et bien d’autres, de se hisser aux rangs des
meilleurs peintres au niveau national.

Elvis BAZONGO


Au niveau international, des artistes peintres de la région, en l’occurrence, Lamine MAIGA,
Samuel OUDRAOGO, Yaya OUEDRAOGO, Moustapha SANOU, André SANOU, Lamine
MAIGA, Samuel OUEDRAOGO, Yaya OUEDRAOGO, etc. ont pris part à des expositions et à
des résidences de création dans la sous-région et surtout en Europe.
La sculpture : la sculpture sur bois occupe beaucoup d’artistes créateurs qui évoluent avec
des moyens rudimentaires dans des ateliers de fortune. Nombreux sont ceux d’entre eux qui
ont réussi à se faire une renommée au niveau international grâce à des savoirs et un savoir-faire
acquis souvent hérités des ascendants de leurs grands-parents. Ces artistes sculpteurs sont
éparpillés sur toute l’étendue du territoire régional, avec quelques tentatives de regroupements
dans la ville de Bobo-Dioulasso. au quartier Koko, dans Ces ateliers sont généralement de
type familial. Des sculpteurs comme Yacouba BONDE installé dans la Commune de Boni s’est
fait connaitre à l’international travers des expositions surexpositions sur les masques Bwa à
High Museum of Art à Atlanta (USA). Il en est de même pour Abou TRAORE de Bobo-
Dioulasso à travers la Gallérie Deneulin en France.

Abou TRAORE dans son atelier


Les frères jumeaux OUATTARA Assane et Ousseni, spécialisés dans la production de masques
polychromes ont également pris part à des expositions au niveau international. Ils ont initié un
cadre de rencontre professionnelle et avec leur public à travers le Festival Art’dougou, en
marge duquel un marché des arts est organisé.
Pour ce qui concerne la promotion et la vente des œuvres, l’opérationnalisation d’un centre de
production et de promotion des œuvres de l’artisanat d’art dénommé « Village Artisanale de
Bobo-Dioulasso offre aux artistes un cadre propice de création et de vente de leurs œuvres.
Il faut dire que ces dernières années, la maladie à Corona Virus et principalement la crise
sécuritaire que connait le Burkina Faso ont sérieusement impacté le marché les œuvres d’arts
plastiques. Une part importante de la production qui était destinée à une clientèle étrangère
reste stockées du fait de l’arrêt des activités touristiques.
La photographie : La photographie est l’un des métiers qui a aussi subit une grande mutation
ces dernières années avec l’adoption l’avènement du numérique. Dans la région des Hauts-
Bassins, l’Association d’Entraide des photographes du Houet (AEPH) organise chaque année
en collaboration avec la Maison de la Culture de Bobo-Dioulasso, des expositions thématiques
sur la photographie. Nombreux sont les acteurs de l’image tels Paul KABRE, Guy Roland
TRAORE, Issaka ZERBO alias Fasky, Abdoulaye NACANABO et autres … qui ont pris part à
des expositions au niveau national et international.

Fasky recevant des visiteurs à lors de l’exposition Wekré à Ouagadougou


L’artisanat d’art et les arts appliqués

Selon le Règlement N°1/2014/CM/UEMOA, « l’artisanat d’art se distingue par son caractère
artistique qui implique la créativité de l’auteur et qui a une forte connotation culturelle ». Il
constitue avec les arts appliqués, le domaine par excellence des métiers à fort potentiel créatif
et porteurs de nos identités.
Outre les métiers du textile (tissage, teinture, confection), l’artisanat d’art et les arts appliqués
englobent les métiers des designers (construction métallique, en bois, ou avec les objets de la
récupération, la décoration), la poterie, la maroquinerie, la coiffure…
Dans la région des Hauts-Bassins cette sous-filière reste le plus gros secteur en termes de
nombres d’acteurs et de création d’emplois. Très peu structurés, les acteurs travaillent s’y
exercent majoritairement dans l’informel et opèrent dans le cadre familial et du lignage. Ils
travaillent en groupements ou en individuels pour le marché local, et pour les touristes. Ils
commercialisent leurs produits à l’occasion des foires et des événements culturels et
touristiques. Une minorité dispose d’un réseau formel ou informel d’exportation des produits
d’artisanat d’art. De nos jours, avec la labélisation de ses certains des produits artisanaux
(pagne tissé et Koko donda) les acteurs qui s’inscrivent dans cette démarche qualité trouvent
des débouchées sur les marchés sous régionaux et internationaux pour l’écoulement de leurs
produits.

Coopérative Faso Textile (COFATEX)


Dans le domaine de l’artisanat d’art, la sous filière textile reste le secteur le plus pourvoyeur
d’emplois dans la région des Hauts-Bassins. En son sein, se sont développés plusieurs métiers
tels que le tissage, la teinture, la confection et le design d’intérieur. La création artistique à base
de produits textiles dans la région des Hauts-bassins est stimulée par la présence d’unité
industrielle d’égrainage du coton (SOFITEX) et d’une usine de semi transformation de cette
matière première en fil (FILSAH). La disponibilité de cet intrant d’une part et l’intérêt des
consommateurs des produits du textile artisanal ont poussé de milliers d’acteurs, principalement
des femmes à faire du tissage de pagnes leur principale activité. Beaucoup d’entre elles tissent
dans un cadre associatif ou en coopératives. Ce regain d’activité dans le tissage a eu pour
corollaire, le développement de la teinture du fil, un domaine aussi florissant qui occupe
beaucoup d’acteurs.

Au-delà de la teinture du fil pour les besoins du tissage artisanal, l’activité de la teinture a connu
une révolution ces dernières années avec la réintroduction du pagne koko donda dans les
habitudes vestimentaires au niveau local et national. Ce pagne traditionnel, originaire de la
région est de nos jours commercialisés dans la sous-région et même à l’international.
On peut dire que l’importance du marché du pagne tissé et du koko donda, qu’il soit local,
national ou international ont induit le développement du secteur de la confection (coupe-
couture, stylisme de mode, design d’intérieur avec les tissus d’ameublement).

FOF teinture au SIAO 2023

Cet engouement pour les produits du textile artisanal a suscité chez les acteurs, l’organisation des évènements promotionnels pour présenter leurs créations aux publics. C’est ainsi que des grands
évènementiels de modes se tiennent régulièrement dans la région : le Festival Miceli, le Festival
International du Textile et de la Mode vestimentaire de Orodara, Bobo fashion-Week et Kene
fashion-day sont des activités en marge desquelles de grands défilés de modes auxquels
prennent part des stylistes et mannequins étrangers.

Conférence de presse sur la première édition du festival MICELI.


Le design : Les artistes designers de la région produisent des œuvres pour les besoins de
décoration d’intérieur, ou d’objets utilitaires. Leur matière d’œuvre est essentiellement
constituée de bois, du métal, du tissu, des objets de récupération. En tant qu’œuvres d’art de
création contemporaine, le design à partir d’objets de récupération reste un domaine peu
exploré par des artistes de la région. Nonobstant cet univers peut connu, quelques artistes se
sont distingués à travers leurs créations et des expositions qu’ils ont organisées. Nous avons en
exemple Zimapi Yaya FOFANA qui réalise des œuvres d’art métalliques (meubles et objets
décoratifs) à travers des pièces de métal issues de la récupération. Dans le même registre,
Issouf DIERO, quant à lui, s’est illustré à travers la création d’objets modelés à partir de divers
articles usagers.

ZIMAPI devant son œuvre au Musée Sogossira SANOU


Quant au design à base de produits textiles, il s’est beaucoup plus développé pour répondre
aux besoins de décoration d’intérieur ou d’espaces de célébrations d’évènements. Les espaces
de cérémonies officielles ou de fêtes (baptêmes, mariages funérailles…) constituent de nos
jours des lieux de prédilection pour des décorateurs qui rivalisent de leur créativité. De
nombreuses jeunes filles comme garçons en ont fait leur domaine d’intervention et plusieurs
petites entreprises y ont été créées.
Le design dans la menuiserie bois à l’image de l’ébénisterie est très peu développé dans la
région des Hauts-Bassins. Les artisans travaillant sur le bois se rencontrent à chaque coins de
rue à travers la région, mais ceux-ci laissent peu de place à la l’imagination et à la création. Ils
se focalisent plus sur la reproduction d’œuvres (mobiliers) d’équipements. Néanmoins, l’on
rencontre sur le marché, des œuvres de designers qui travaillent sur le bois massif à l’image de
Hama Kassougué spécialisé dans la sculpture de mobiliers et Hamidou NIKIEMA qui utilise
comme matière d’œuvre, les bambous et les rotins. Leurs créations sont originales et forcent
l’admiration.

Œuvres de Hamidou NIKIEMA exposées au SIAO 2023


Le batik : c’est une technique de teinture bien connue dans la région. Elle s’est développée
grâce à la Semaine Nationale de la Culture qui met les artistes en compétition pour la conquête
du Grand prix nationale en batik. L’un des meilleurs artistes en batik au niveau national est
originaire de la région, en l’occurrence Samuel OUEDRAOGO qui, à plusieurs reprises a
remporté le premier prix.

Œuvre en Batik de Samuel OUEDRAOGO (lauréat de la SNC 2018)


Le bogolan : le bogolan est aussi une autre technique de teinture sur du tissu à partir de
pigments naturels (terre ocre, écorces d’arbres…). Beaucoup d’artistes s’y sont illustrés dans la
région.
Les œuvres produites en batik et en bogolan sont soit sur de la toile sous-forme de tableaux
décoratifs ou soit sur du tissu en pagne standard pour l’habillement, ou l’ameublement (rideaux,
draps, nappes de tables…).
La sérigraphie : c’est une technique d’impression sur du tissu qui consiste à déposer
directement de l’encre sur le textile à travers un écran (pochoir). Cette activité connait une nette
évolution au regard de la demande de plus en plus grandissante. De nos jours, beaucoup de
manifestations à caractères festif ou promotionnelles donnent lieu à la confection de t-shirts, de
banderoles et autres accessoires. Les sérigraphes sont de plus en plus sollicités et la région
compte beaucoup de micros entreprises spécialisées dans le domaine.
Les arts capillaires : la coiffure est profondément encrée dans les canons de la beauté
féminine dans les sociétés africaines. A travers les tresses, la coiffure est vecteur de message
et porteuse d’identité des groupes ethnoculturels qui les arborent. Avec l’introduction des
cheveux artificiels, l’univers de la coiffure a connu une nette évolution et revêt de nos jours des
enjeux économiques importants. Des instituts de formation et de nombreux centres
d’apprentissage sont ouverts dans la région. On y compte également de nombreux salons de
coiffure. Il existe à Bobo-Dioulasso un festival « Main d’art » dédié à la promotion des arts
capillaires porté par Angelina SANOU, lauréate du Grand Prix National de la Coiffure Edition de
2016.

Affiche de la 4ème édition de Mains d’Art

Les coiffeuses/coiffeurs travaillent en tandem avec les stylistes modélistes de de la région dans
l’organisation des grands défilés de mode vestimentaire.
La poterie : elle est l’une des plus vieux métiers dans l’art utilitaire. Cette activité qui s’inscrit
dans la subdivision de la société en castes est généralement pratiquée par les femmes. Dans
plusieurs familles, des femmes s’exercent dans le modelage de l’argile pour la confection des
ustensiles de cuisine et aussi des objets cultuels. En plus de ces objets usuels, elles sont
nombreuses à se lancer dans la fabrication d’objets pour la décoration d’intérieur tels que les
pots de fleurs, des figurines…
Les potières sont regroupées en associations et travaillent dans des ateliers à la place wara-
wara à Bobo-Dioulasso et aussi dans plusieurs autres villages comme celui de Pala à la sortie
Est de la ville.

Poterie de la place Wara wara de Bobo-Dioulasso

Quoique très peu valorisé, plusieurs autres métiers de l’artisanat d’art sont pratiqués dans la
région. Nous pouvons citer la vannerie dans la ville de Orodara qui utilise des écorces de
plantes, de la paille ou des feuilles de certaines espèces d’arbres pour la confection d’ustensiles
de cuisine, d’objets de décoration ou de chapeaux.
Nous avons la maroquinerie, une activité aussi beaucoup plus pratiquée dans la région. A par
les populations nomades venues du Nord du pays. Ils fabriquent à partir du cuir ou de la peau,
sont fabriqués des articles de toutes sortes (ceintures, sacs, chaussures ; chapeaux,
meubles…).
La pyrogravure : les pyrograveurs utilisent comme matière d’œuvre, la peau ou le bois comme
supports sur lesquels ils dessinent les motifs à partir du feu. De façon marginale, la technique
de la pyrogravure est utilisée par les artistes sculpteurs et les maroquiniers dans la finition de
dès leurs œuvres.
Les arts numériques : l’avènement du numérique a révolutionné le secteur de la culture dans
son entièreté. Dans l’univers des arts plastiques et appliqués, le numérique constitue une
aubaine pour les acteurs de construire des œuvres plastiques dématérialisées et /ou d’y allier
des techniques traditionnelles dans leurs créations. Beaucoup de jeunes s’investissent
aujourd’hui dans la conception graphique et cela est favorisé dans la région par la formation
non formelle. Il existe également la formation et surtout académique qu’offre l’UNB qui met sur le
marché de jeunes diplômés prêts à servir.
Au-delà de cet important rôle dans la conception et la production, le numérique constitue pour
les créateurs, une fenêtre qui leur permet de s’ouvrir sur le reste monde et surtout de conquérir
le marché international à travers la diffusion et , la distribution et la distribution des œuvres d’art
en ligne.

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