Zone carrefour au cœur de la sous-région ouest africaine, la région des Hauts Bassins est constituée d’une mosaïque de peuples pratiquant majoritairement des activités agro sylvo- pastorales, l’artisanat et le commerce. Son milieu naturel est fait d’un relief accidenté parcouru d’un réseau hydrographique important abritant des espèces fauniques et végétales d’une grande diversité. Les milieux physique et humain s’intègrent et créent une certaine symbiose générant ainsi un patrimoine riche et varié constitué aussi bien d’éléments naturels que culturels. Les résultats de l’inventaire des biens culturels et naturels montrent que la région possède un énorme potentiel en la matière. Soixante-onze (71) biens ont été répertoriés sur toute l’étendue du territoire et répartis comme suit :

Liste du patrimoine de la région des Hauts-Bassins

 CulturelNaturelMixteTotal
Houet18060832
Kénédougou12041430
Tuy02010609
Total32112871
Source : résultats de l’inventaire de 2019

Le patrimoine naturel de la région des Hauts-Bassins

L’essentiel du patrimoine naturel de la région des Hauts-Bassins est constitué de formations géologiques et physiographiques ou de sites naturels constituant l’habitat d’espèces protégées : nous avons des cours d’eau, des forêts classées et des formations physiographiques telles que les collines, les montagnes… l’essentiel du patrimoine naturel de la région est répertorié dans le tableau ci-dessous.

Tableau des biens naturel de la région des Hauts-Bassins par communes

Bobo Dioulasso  BamaBékuySatiriKarangasso-SamblaKourinionSindoBanzon
-Forêt classée de Dindérresso                   -La Guinguette -Falaises de Borodoudou           Mare aux hippopotames de BamaForet classée de MaroMare aux hippopotames et réserve de biosphère de BalaChutes DinkouaChutes d’eau de Banfoulagouè-Mare aux hippopotames de Fignana -Mare aux hippopotames de Bléni-Mare aux hippopotames de Banzon -Forêt classée de la Mou
Source : Inventaire de 2019
Mare aux hippopotames et réserve de biosphère de Bala (crédit photo Ive Bouvier)

Le patrimoine culturel

Le patrimoine culturel de la région est constitué de biens matériels (meubles et immeubles) et de biens immatériels.

Le patrimoine culturel matériel

Le patrimoine culturel matériel est constitué d’objets tangibles issus des savoir-faire et autres connaissances des communautés. Dans la région des Hauts-Bassins, ce patrimoine est scindé en patrimoine mobiliers et immobilier.

Le patrimoine mobilier

Le patrimoine culturel mobilier de la région est très important du point de vue de sa variété. Il est essentiellement constitué des produits de l’artisanat, de l’art et des instruments liés aux diverses pratiques cultuelles et festives des communautés. Une infime partie des biens mobiliers forme l’essentiel des collections des quelques musées que compte la Régions des Hauts-Bassins et d’autres structures de promotion du patrimoine. Lieux de mémoire et de recherches, les musées sont des institutions qui, de par leurs missions de collecte, de conservation et de diffusion constituent de véritables remparts au pillage et au trafic illicite des biens culturels dans la région.  Mais le constat est que le domaine reste malheureusement peu développé malgré l’existence d’un fort potentiel de témoins matériels encore gardé au sein des communautés. Elle compte quatre (04) institutions muséales dont localisées dans son chef-lieu. Le musée communal de Orodara dont la gestion avait été confiée à une association est actuellement à l’arrêt. Les trois (03) fonctionnelles sont toutes ethnographiques avec une seule spécialisée dans la conservation et la promotion des instruments de musique ainsi que les connaissances et pratiques y relatives. Nous avons le Musée Communal Sogossira SANOU avec une collection évaluée à huit cent (800) objets, le Musée de la Musique d’hier et d’aujourd’hui qui compte près de quatre cent cinquante (450) spécimens et le Centre culturel Sénoufo.

Musée Communal Sogossira SANOU

Dans certains sites culturels ou naturels, des initiatives de constitution de collections sont développées dans l’optique de la création de musées. C’est le cas au niveau du Mausolée de Guimbi OUATTARA à Bobo-Dioulasso, du Mausolée de Tiéfo Amoro à Noumoudara, de l’Eco-musée de la Reserve de Biosphère de Bala dans la Commune de Satiri.

Le patrimoine culturel immobilier

Dans le domaine du patrimoine immobilier, la région des Hauts-Bassins compte un nombre non négligeable de patrimoine bâti et de paysages culturels disséminés sur toute l’étendue du territoire régional. Les Mausolées de Guimbi Ouattara et de Tiéfo Amoro dans la province du Houet constituent des lieux de mémoire et reçoivent de nombreux visiteurs dans la région. Nous avons également la Vielle Eglise de Boni dans le Tuy, le Palais des chefs traditionnels de Samoroghouan dans le Kénédougou. Le Village perché de Koro, le Centre historique de Sya…forment des paysages culturels dans la province du Houet.

Le mausolée de Guimbi Ouattara (Bobo-Dioulasso) 

Tableau récapitulatif des biens naturels et culturels sur la liste nationale du patrimoine culturel et nature

Patrimoine immobilierHouetTuyKénédougou
    Les monumentsLe mausolée de Guimbi Ouattara (Bobo-Dioulasso) ;Le Mausolée de Tiéfo Amoro à Noumoudara ; 
      Les ensembles  Le village perché de KoroLe village des artisans de Pala ;Le village architectural de KoumiLe Centre historique de Sya ;Ensemble Place Tiéfo et Gare Ferroviaire (Bobo-Dioulasso) L’église de BoniL’ancienne Mosquée de TéouléLe Palais royal de KouroumaLe Palais des chefs traditionnels de Samoroghouan
  Les sites  Les hauts fourneaux de KobiLe site de la réduction de fer de Békuy  
Source : Arrêté de 2004 portant inscription des biens culturels sur le registre d’inventaire (Ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme)

Le patrimoine mixte

La région de Hauts-Bassins compte également de nombreux biens mixtes (culturel et naturel) formés à partir d’œuvres conjuguées de l’homme et de la nature.  Ces biens sont la résultante d’une combinaison dans un même endroit, d’un héritage culturel exceptionnel et d’un environnement naturel unique et remarquable. Nous avons les Grottes mystérieuses Bairaikan (commune de Faramana), les Gravures rupestres de Wempéa, la Rivière sacrée de Kourinion… Ces différents sites sont disséminés sur les communes des trois provinces de la région.

Village perché de Kore

Le patrimoine culturel immatériel

Le patrimoine immatériel est le second volet du patrimoine culturel de la région.  Il reste le plus important et le plus dynamique car il se recrée et se développe au sein des nombreux groupes ethnoculturels qui composent la région des Hauts-Bassins. A la fois traditionnel et contemporain, il s’exprime dans les arts, les pratiques sociales, les connaissances de la nature… Ce patrimoine se fonde sur les communautés qui le reconnaissent comme tel et à ce titre, le sauvegardent et travaillent à sa pérennisation. Dans la région des Hauts-Bassins, le patrimoine culturel immatériel se manifeste à travers les domaines suivants : les traditions et expressions orales, les arts du spectacle, les savoirs faire liés à l’artisanat traditionnel.

Atelier de poterie à l’Institut Français de Bobo

Les traditions et expressions orales

La région des Hauts-Bassins a longtemps été considérée comme une terre d’immigration. Elle accueil de fortes communautés venues des autres régions du pays et même de la sous-région Bobo-Dioulasso, sa capitale est un creuset d’une mosaïque de peuples. A côté des populations autochtones, se sont installées de fortes communautés mossi, Gurunsi, Gourmantché, Bissa, Lobi, Dagara, etc., venues des autres régions du Burkina, mais aussi d’importantes communautés étrangères (des Maliens, les Nigérians et Nigériens…) Chaque communauté perpétuant ses traditions et ses expressions orales que sont les contes, les proverbes, ses mythes, ses légendes…

Chasseurs dozos (crédit photo ONTB)

Dans les milieux traditionnels, la société est subdivisée en castes. Dans cette structuration, chaque caste joue un rôle qui reste le sien dans la société. Les Griots par exemple sont reconnus être garants d’une certaine tradition orale. Doté d’un statut dans la société, le Griot est sollicité pour les cérémonies importantes de la communauté que sont les mariages, les funérailles, les intronisations…, à travers les contes, les chants et la poésie, les griots détenteurs de la mémoire de la communauté et transmettent l’histoire de la société aux jeunes générations. Ils sont aussi médiateurs dans les conflits au sein des familles et de la communauté. Dans les sociétés de masque, il existe un moyen de communication entre le masque et les individus qui est le « langage secret du masque ». Il s’apprend lors des   initiations. Pour perpétuer ces traditions de l’oralité, la région des Hauts-Bassins abrite des festivals qui font la promotion et magnifient ces arts populaires. Nous avons le Festival international de conte organisé par la Maison de la Parole à Bobo-Dioulasso, les Trophées de l’Oralité et des Arts plastiques dans les communes de Orodara, Djigouéra et Kourinion et la caravane des 10 contes à l’école primaire à Orodara.

Les arts du spectacle

Selon la définition de l’UNESCO, les arts du spectacle sont aussi bien la musique vocale instrumentale, que la danse et le théâtre, la pantomime, la poésie chantée et d’autres formes d’expression ou encore les actions de sauvegarde et de promotions. Ces formes d’expressions dans la région des Hauts-Bassins reposent sur un important vivier constitué de milliers d’acteurs œuvrant pour la sauvegarde et la valorisation des arts vivants. Un recensement de ces manifestations culturelles montre que la région des Hauts-Bassins compte plus d’une trentaine de festivals. La semaine nationale de la culture reste la plus importante de ces manifestions. Elle mobilise des dizaines de troupes traditionnelles dans des compétitions pour le Grand Prix National des Arts et des Lettres (GPNAL) en musiques, chants et danses. A cette occasion, des plateaux artistiques sont dressés dans diverses parties de la Ville de Bobo qui abrite cette manifestation.

Prestation à l’Espace Jeunesse de Dafra

Les savoirs liés à l’artisanat traditionnel

Ce domaine occupe également une grande partie de la population active de la région des Hauts-Bassins. Il forme des catégories socioprofessionnelles au sein de la communauté. La toponymie des villages y est quelque fois liée. Il n’est pas rare de rencontrer des villages de forgerons, de tisserands…Dans le domaine de l’artisanat, les métiers du textile occupent toujours un nombre important d’habitants de certains villages. Les résultats du recensement des acteurs du textile traditionnel en 2019 montrent que dans le village de Kotégougou, localité située à une vingtaine de kilomètre à l’Est de Bobo-Dioulasso, il y existe encore plus d’un millier d’artisans qui exercent dans les métiers du textile.  Ces mêmes enquêtes montrent que la ville de Bobo-Dioulasso compte près de dix mille acteurs pratiquants les métiers du textile traditionnel tel que le tissage, la teinture, la confection avec plus de la moitié constituée de femmes.

Coopérative Faso Textile (COFATEX)

Les deux autres domaines du patrimoine culturel immatériel que sont les pratiques sociales et rituels ainsi que les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers sont mis en œuvre au sein des populations dépositaires. Ce patrimoine se recrée et se transmet aux jeunes générations par le canal des initiations sacrales, qu’elles soient collectives ou individuelles.

L’inventaire du patrimoine culturel immatériel

Il faut dire que toute initiative visant à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine culturel immatériel doit d’abord passer par son identification et son inventaire et cela avec la participation des communautés détentrices de ce patrimoine. L’importance des inventaires n’est plus à démontrer car en plus d’encourager la créativité, ils constituent la base d’une formulation de plan concret de gestion et de conservation du patrimoine culturel immatériel. A cet effet, la région des Hauts-Bassins a bénéficié en 2014 d’un projet pilote qui a permis d’identifier et d’inventorier cinquante-trois (53) éléments de ce patrimoine auprès des différentes communautés. Les résultats de cette opération sont consignés dans le tableau ci-dessous.

Balafon pentatonique des communauté Sénoufo du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso (UNESCO)

Tableau récapitulatif des résultats de la phase pilote de l’inventaire du 2014 par domaine et par provinces

Provinces        /   Domaines Du PCI      ADS    CPNUPSREF    SFAT    TEO    TOTAL
Houet000906050121
Kénédougou10607030017
Tuy10108050015
TOTAL021621130153
Source : résultats de l’inventaire de 2014

ADS : Les Arts Du Spectacle

CPNU : Les Connaissances et Pratiques concernant la Nature et l’Univers

TEO : Les Traditions et Expressions Orales, y compris la langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel

PSREF : les pratiques sociales, rituels et événements festifs

SFAT : Les Savoir-Faire liés à l’Artisanat Traditionnel

D’autres opérations complémentaires de collecte, dont celui entrant dans le cadre de la mise en œuvre du PAIC GC, ont permis d’inventorier quarante-un (41) éléments, portant ainsi les résultats de l’ensemble des inventaires du patrimoine culturel immatériel de la région des Hauts-Bassins à quatre-vingt et quatorze (94) éléments. Quoiqu’incomplète, ces inventaires ont permis de constituer une base de données du PCI de la région. Ces données ainsi que les résultats d’enquêtes complémentaires ont permis la mise en place d’un plan de gestion et de conservation du patrimoine culturel de la région.

Les biens culturels au patrimoine mondial de l’UNESCO

La région des Hauts-Bassins dispose de dix-sept (17) biens classés Patrimoine national (Arrêté 2004 ___652/MCAT/SG/DGPC portant inscriptions de biens culturels sur le registre d’inventaire) dont deux (02) inscrits sur la liste indicative du Burkina (DECRET N° 2014- 1019/PRES/PM/MCT/MEDD/MATS/MATD portant classement de biens culturels et naturels et leur inscription sur la liste indicative du Burkina Faso). La liste indicative est une liste de biens considérés comme étant patrimoine culturel et/ou naturel de valeur universelle exceptionnelle dressée par chaque Etat partie de l’UNESCO et qu’il a l’intention de proposer pour inscription sur la liste du patrimoine mondial. La réserve de biosphère de la Mare aux hippopotames de Bala et Sya, le centre historique de Bobo-Dioulasso sont deux biens culturel et naturel sur les quatre (04) au niveau national à figurer sur la liste indicative de l’UNESCO.

La région des Hauts-Bassins disposent également de deux biens inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit du site de métallurgie ancienne de réduction du fer de Békuy dans la province du Tuy inscrit en 2019.  Ce site fait partie d’un ensemble des espaces Bwi (Békuy, Douroula) et Boose (Kindibo, Tiwega, Roguin, Yamané) inscrit en 2019 sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.

site ancien réduction du fer de Békuy

Nous avons les pratiques et expressions culturelles liées au Balafon des communautés Sénoufo (https://ich.unesco.org/fr/RL/les-pratiques-et-expressions-culturelles-liees-au-balafon-des-communautes-senoufo-du-mali-du-burkina-faso-et-de-cote-divoire-00849) du Mali, du Burkina Faso et de Côte d’Ivoire. Ce balafon, de son nom traditionnel « ncegele » est un xylophone pentatonique utilisé par les communautés des trois pays et inscrit en 2012 sur la liste représentative du patrimoine mondiale de l’UNESCO. Cet instrument de musique bien connu dans les trois pays a été à l’origine d’une manifestation culturelle majeure au niveau sous régional appelée « Festival du triangle du Balafon » à Sikasso au Mali.

La valorisation du patrimoine culturel

Connue pour son effervescence dans les manifestations culturelles, la région des Hauts-Bassins et plus particulièrement sa capitale Bobo-Dioulasso connait une multitude d’acteurs œuvrant  aux côtés des dépositaires du patrimoine culturel en vue de sa sauvegarde et de sa valorisation. En effet, le secteur culturel de la région est animé par une multitude d’acteurs publics et privés. Dans le domaine public, la région des Hauts-Bassins est nantie d’une administration composée de plusieurs services déconcentrés et décentralisés investis de la mission de la mise en œuvre des politiques publiques en matière de la promotion de la culture. Ce sont : la Direction Générale de la Maison de la Culture de Bobo-Dioulasso (DG-MCB), la Direction Générale de la Semaine Nationale de la Culture (DG-SNC), la Délégation Générale du Centre Régionale pour les Arts Vivants en Afrique (CERAV/Afrique), la Direction Régionale de la Culture, des Arts et du Tourisme (DRCAT) ainsi que ses démembrements au niveau provincial, la Direction Régionale de l’Ouest de L’Office Nationale du Tourisme Burkinabè (DRO-ONTB), le Direction Régionale de l’Ouest du Bureau Burkinabè du Droit d’Auteur (DRO-BBDA), les services communaux et régionaux en charge de la culture. Aux côtés de cette administration publique, opèrent de nombreux opérateurs privés que sont la société civile culturelle, les entreprises et les artistes eux-mêmes. Le recensement des acteurs mené en 2019 montre que la Région des Hauts-Bassins compte une trentaine de festivals, une trentaine d’associations reparties dans six (06) faitières des filières professionnelles de la culture et une dizaine d’espaces culturels. Au niveau artistique, la région compte cinq (05) troupes théâtrales, une dizaine d’orchestres et une quarantaine de troupes et ensembles traditionnels. A travers des festivals et autres évènements artistiques et culturels, ces acteurs œuvrent à la sauvegarde et à la transmission du patrimoine culturel.